Histoire

Histoire du port de Gennevilliers

Le port de Gennevilliers, un siècle d'histoire portée par deux ingénieurs bien connus : Fulgence Bienvenüe et Louis Suquet.
Ses deux premières darses existaient avant la 2e guerre mondiale, le reste a été livré après-guerre.

L'idée de construire un port en aval de la Seine après Paris ne date pas d'hier. En 1863 déjà, Aristide Dumont et Louis Richard envisageait de réaliser un port sur la totalité de la boucle de la presqu'île de Gennevilliers, c'est à dire la commune actuelle de Villeneuve-la-Garenne. Mais ce n'est qu'en 1920 que fut adopté le projet final, porté par deux ingénieurs Fulgence Bienvenüe et Louis Suquet, et en 1925 que furent lancées les premières expropriations. Le lieu avait plusieurs avantages sur ses concurrents, des terres agricoles beaucoup moins peuplées, un réseaux ferré déjà bien abouti et une meilleurs navigabilité de ce côté de la Seine (plus profonde et des ponts plus hauts).

Gennevilliers fut très longtemps une terre agricole, le quartier des Grésillons était jusqu'au tournant du 20e siècle le premier producteur de poireaux d'Europe... le fameux « poireau de Gennevilliers » ! Mais Gennevilliers connu aussi entre 1870 et 1939 une forte industrialisation grâce d'abord à un coût de l'hectare le plus bas d'Île-de-France, un sol riche en granulat nécessaire au béton, un réseau ferré en pointe et surtout l'ingéniosité des entrepreneurs qui s'y installèrent. Aujourd'hui, Gennevilliers et son port continuent d'être un centre d'attractivité pour l'innovation et l'entrepreneuriat.

« Historiquement, ce port a été conçu par Fulgence Bienvenüe, qui a également construit le port de Bonneuil-sur-Marne. Ses deux premières darses existaient avant la 2e guerre mondiale mais le reste a été livré après-guerre.  » « Aujourd'hui, il s'étend sur 400 ha, soit un tiers de la superficie de la ville de Gennevilliers. Ses six darses offrent 12 km de quai et le port compte également 20 km de voies ferroviaires qui permettent de desservir la plupart des parcelles. Il est connecté à l'A15 et à l'A86 et se situe à proximité de l'A1 et de l'A14, ainsi que de l'oléoduc Le Havre-Paris, qui achemine le pétrole vers Paris. » « Concernant la voie d'eau, c'est le port le plus amont de la Seine accessible aux barges de 5 000 tonnes (soit environ 250 camions) alors que Paris ne peut être traversé que par des navires de moindre tonnage, de 2 000 à 3 000 tonnes. Nous sommes également accessibles en fluvio-maritime, avec des petits caboteurs de mer, jusqu'à 2 500 tonnes. »

Jean Plateau, directeur du port de Gennevilliers, cité par le Journal du Grand Paris

La construction des deux premières darses débuta en effet en 1928, elles furent terminées dés 1931. Mais la percée en Seine prit trop de temps et ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale que les deux premiers bassins ne seront utilisés. En effet, l'occupant, ne voyant pas ce nouveau port fluvial français comme un investissement rentable à court terme, réquisitionna une grande part des ressources et de la main d'œuvre.

À la Libération, on s'empresse de mettre en service les deux premières darses et d'en construire une troisième. C'est le début du grand port industriel de Gennevilliers tel que ses inventeurs l'avaient imaginé. Plus de 80 ans se sont écoulés depuis les premiers projets et sa mission est d'autant plus cruciale qu'il faut maintenant tout reconstruire en France. Déjà les industriels s'installent, des lignes de chemin de fer relient maintenant la Seine parisienne au nord métallurgique de la France. On y voit passer de l'essence, du charbon (et le gaz de ville produit sur place), du ciment mais très vite aussi des céréales, le plus grand silo à grain d'Europe (plus de 2000T) y est construit et on parlera bientôt du "blé de Gennevilliers".

Fort de son succès, le Port s'agrandit année après année et se dote progressivement de six bassins (mise en service de la darse n°4 en 1963) pour devenir le premier port fluvial de France et le second d'Europe.
En 1970, le trafic s'élève à 9 000 000 de tonnes. Les principales marchandises transportées sont les hydrocarbures, c'est LE port pétrolier des années 70, mais aussi les matériaux de construction, les produits industriels et agricoles, les charbons, les véhicules,…

Le port est aussi un chantier de récupération de ferrailles et au tournant des années 2000, il prend tout naturellement une direction écologique en accueillant les premiers grands groupes de recyclage.

Un immense entrepôt logistique de 90.000 m2 doit y voir le jour d'ici 2025, pour permettre le développement du transport par voie d'eau jusqu'au coeur de Paris. De quoi attirer de nouvelles entreprises en quête de transports moins polluants.

Aujourd'hui, le port de Gennevilliers est une plateforme multimodale faisant le lien entre les voies fluviales, maritimes (le Havre est à 177km par la Seine) et terrestre (oléoduc, autoroutes et voies ferrées). Il assure ainsi un transit annuel de marchandises de 20 millions de tonnes tous modes confondus, dont 3,4 millions de tonnes de trafic fluvial d'un côté, et de l'autre facilite les livraisons urbaines dites du « dernier kilomètre ». C'est un atout majeur d'attractivité pour la ville de Gennevilliers et les villes alentours, et pour tout le nord des Hauts-de-Seine.

Photo illustration : https://www.gennevilliers-tourisme.com
 
 
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